Arnaldo Ragni, un acteur qui a du mordant

Selon Arnaldo Ragni, les émotions viennent de la parole et de l’interprétation. « Jouer, c'est ressentir », dit-il. © Sarah Rousset

Selon Arnaldo Ragni, les émotions viennent de la parole et de l’interprétation. « Jouer, c’est ressentir », dit-il. © Sarah Rousset

Arnaldo Ragni, a interprété, du 9 au 15 juillet, le rôle de Dracula, dans « L’aurore du dragon », mis en scène par Fabrice Dubusset. L’acteur italien a su donner de la consistance au mythe qui entoure ce personnage fantastique. Portrait de ce comédien et metteur en scène, devenu un élément clef de la troupe« Procédé Zèbre ».

Du 9 au 15 juillet, Arnaldo Ragni a pris ses quartiers d’été dans le château de Bran, en Roumanie. Dans cette forteresse qui a inspiré la légende de Dracula, il a interprété ce prince suceur de sang imaginé par l’écrivain Bram Stoker. Au côté d’acteurs professionnels et amateurs de la troupe « Procédé Zèbre », il a permis aux spectateurs de frissonner dans les pièces sombres de cet édifice juché sur un pic.

« Avec Fabrice Dubusset, le directeur de la troupe, nous avons débuté notre préparation en avril, à Aiud. Les autres acteurs nous ont rejoints au compte-goutte fin juin et début juillet. Nous avons fait le point sur les éléments essentiels à la mise en scène, pour créer une puissante cohésion entre les acteurs », explique-t-il.

Arnaldo Ragni a beaucoup aimé collaborer avec des jeunes. Il a trouvé qu’ils étaient extrêmement réceptifs et avaient une rigueur de professionnels. « Même si jouer le même spectacle sept fois est difficile, ils ont réussi grâce à leur sérieux », souligne-t-il.

Selon lui, les émotions viennent de la parole et de l’interprétation. Jouer, c’est ressentir. Difficile pour lui d’exprimer comment il se sent sur scène. « La sensation n’est jamais la même selon la scène et le moment », pense-t-il.

Maintenant que les représentations sont terminées, il est à la fois content et triste. Cette expérience était merveilleuse et il regrettera l’attention du public. Il veut recommencer immédiatement. Son meilleur souvenir restera la satisfaction commune que la troupe a ressenti presque en permanence.

Aller au-delà des limites

Sa carrière a débuté à la fin des années 1970. Il a vécu de nombreuses expériences théâtrales en Italie. En 1981, il crée une troupe nommée « Treatro-Terre di confine », dans laquelle il aura le rôle de metteur en scène et d’acteur. Le nom de ce groupe traduit sa manière de penser le théâtre : aller au delà des limites. En 1995, il a joué dans la pièce « La rabbia » de Pippo Delbono, en hommage à Pasolini.

Au début des années 2000, il a de nouveau endossé la casquette de metteur en scène pour le spectacle « Graffiti » à Zadovici, en Bosnie-Herzégovine. Ce spectacle a été créé à l’occasion d’une coopération entre cette ville et celle de Brescia, en Italie. Depuis 2001, il collabore avec Fabrice Dubusset et la compagnie « Procédé Zèbre ». Son premier projet avec eux, la reprise de « Chez les fous » d’Albert Londres, traite de la limite avant de sombrer dans la folie. Il évoque aussi la diversité dans tous les sens du terme.

Le comédien a été intéressé par cette collaboration avec Fabrice Dubusset pour la singularité de son travail. Il trouve aussi intéressant l’échange entre des professionnels expérimentés et des jeunes, qu’ils soient professionnels ou non. Il pense que la transmission est très importante pour l’avenir du théâtre. « Le théâtre s’apprend par la pratique ». Pour lui, la technique vient avec l’expérience, lorsque l’on se l’approprie.

Arnaldo Ragni estime que « Procédé Zèbre » est un vrai artisan du théâtre, parce qu’il construit des choses avec patience. L’acteur se sent faire partie intégrante de ce projet, c’est pourquoi il souhaite participer aux prochaines créations avec eux.

Sarah ROUSSET