La nouvelle vie des oursons Masha et Grisha
Après un long périple en Europe de l’est, les deux ours arméniens vivent depuis dix mois dans le « Libearty Bear Sanctuary », en Roumanie, la plus grande réserve d’ours bruns du monde.
Hébergés en plein cœur d’une forêt, ce lieu d’accueil recueille les animaux abandonnés et, ou maltraités partout dans le monde.
Arrivés au « Libearty Bear Sanctuary » de Zărneşti, (en Roumanie) le 1er avril 2016, Masha et Grisha ont enfin retrouvé une vie saine et équilibrée. Dans cette réserve, créée pour recueillir les ours bruns maltraités, ces deux oursons de cinq et six ans disposent d’un large enclos de plusieurs dizaines de mètres carrés.
Le public les observe depuis l’allée. Au loin, deux ours se tiennent l’un contre l’autre sur leurs pattes et semblent se battre. « Les ours jouent ensemble au quotidien et ils adorent ça », confie Paula Ciotlos, directrice de communication du sanctuaire.
D’abord inquiet devant ce pugilat animal, le public finit par s’émerveiller devant ce spectacle. Après quelques minutes, la bagarre s’interrompt. Masha, la femelle, marche vers le fond de l’enclos et se jette dans un bassin. Ses poils mouillés brillent sous les rayons du soleil. Pour l’oursonne, comme pour Grisha, le mâle, les tourments du passé sont déjà loin.
Retrouvés presque morts de faim
Ces deux anciennes bêtes de foire font pourtant figure de vrais miraculés. Ils ont été retrouvés dans des cages individuelles en béton, presque morts de faim. Leur propriétaire, le directeur du zoo de Gyumi (Nord-Est de l’Arménie), ruiné, les avait abandonnés en pleine nature, enfermés dans leur geôle.
Cet épisode avait ému l’opinion publique européenne. L’association Armenian Environmental Network a été la première à avoir donné l’alerte en contactant la fondation Brigitte Bardot. De novembre 2015 à avril 2016, les deux institutions ont travaillé main dans la main pour trouver des solutions. De multiples démarches ont été mises en œuvre afin d’obtenir les certificats et les permis nécessaires pour permettre aux ours d’émigrer vers une autre destination à même de les accueillir dans de meilleures conditions.
Le 1er avril 2016, les deux ours intègrent la réserve naturelle roumaine dans un état inquiétant. Sans toison, ils présentaient tous les deux un poids inquiétant : 50 kilogrammes pour Grisha, à peine 30 kilogrammes pour Masha, des signes de traumatismes qu’ils ont su appréhender ensemble après deux semaines de socialisation. Aujourd’hui, « ils ont appris à s’amuser et ils aiment encore plus se montrer en public », indique fièrement Paula Ciotlos.
Les derniers visiteurs se dirigent vers la sortie. Les deux plantigrades se reposent, bras dessus, bras dessous, allongés l’un contre l’autre. Ils semblent apprécier le confort de leur nouvelle vie.
Johanna KAYA