La vie monastique c’est partir dans le désert…

La vie monastique c’est partir dans le désert…

« La vie monastique c’est partir dans le désert… » Propos recueillis par Jean-Philippe Bucher.

Dans le département de l’Allier, depuis 1853 l’abbaye Saint-Vincent à Chantelle abrite une communauté de Bénédictines. Les jeunes reporters du séminaire sur « Les pas d’Albert-Londres » sont allés à la rencontre des sœurs. Interviews avec la sœur Pascale sur cette vie atypique !

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Qu’est-ce qu’une Bénédictine ?
Une Bénédictine vit selon la règle de Saint Benoit. Saint-Benoit était un moine qui vivait seul au Vème et VIème siècle. Au fil du temps, des gens venaient le voir en lui disant « on aimerait vivre comme toi ». Avec l’arrivée de plus en plus nombreuse de personnes, il a organisé les choses et a écrit des règles qui nous servent à tracer notre vie droite, selon l’Évangile. Cette règle n’est pas un absolu, c’est pour cela qu’elle a traversé les siècles, il y a un grand principe spirituel, comme par exemple, l’accueil des personnes dans notre Abbaye. Saint-Benoit dit que l’on doit recevoir « comme si c’était Jésus » parce que celui-ci a dit « j’ai été étranger et vous m’avez accueilli ». Selon Saint Benoit « les riches, on les accueille toujours bien mais ce sont les pauvres qu’il faut d’abord accueillir.» Comment fait-on pour les accueillir ? La communauté vient et on leur lave les pieds. Évidement on ne le fait plus parce que cela ferait un peu bizarre, par contre on leur montre où se trouve la douche. Telles sont les applications pratiques et c’est le rôle de l’abbaye que de traduire dans le concret les grands principes de la règle selon Saint Benoit.

Comment est-on appelé à vivre une vie monastique ?SONY DSC
La vie monastique est vécue par des moines au masculin ou des moniales au féminin. Monastique vient du mot grec « monos », c’est-à-dire que notre vie, s’unifie autour de la relation unique avec le Christ. Notre vie est donnée au Christ jusque dans notre corps. Nous venons d’univers très variés avec des histoires très variées, mais nous avons toutes perçu à un moment un appel du Christ dans notre vie, parfois apparu comme un coup de tonnerre auquel on n’avait pas forcément envie, mais cela a bouleversé beaucoup de choses auxquelles on avait pensé. Donc notre vie essaie de s’unifier à cette recherche de vivre selon le chemin que nous a tracé Jésus : l’amour de Dieu, l’amour des autres dans notre communauté, mais aussi notre vie donnée pour le monde. Parfois on dit que la vie monastique c’est partir dans le désert parce que le désert est le lieu de la solitude, le lieu aussi de choses pas toujours faciles, donc le lieu d’épreuves, mais c’est un lieu où l’on rencontre Dieu.

Comment se déroule une journée type à l’Abbaye ?
Le matin, on se lève à 5h, on a un premier temps de prière jusqu’à 9h. Il y a des prières ensemble, des prières solitaires, la messe et, en tant que responsable de la communauté il y a un temps où je commente la règle où je mets l’accent sur un point. Puis on a de nouveau un temps de prières à midi plus court, et le soir de 17h à 19h, avec un dernier office à 20h. Entre temps, on travaille puis on dort à 21h-21h30. La vie bénédictine, est rythmée par cette alternance entre prières et travail, avec l’accueil et la vie en communauté.

Comment accueillez-vous les personnes dans votre Abbaye ?
Les personnes qui viennent dans notre maison d’accueil ne sont pas forcément des chrétiens au « top niveau ». La grande majorité sont des gens qui ne savent plus très bien où ils en sont au niveau de la foi ou alors ils ont besoin d’être écoutés. Car il est vrai que dans notre monde actuel on ne prend pas forcément le temps d’écouter, et par moment dans notre vie on a besoin de se poser, d’être accueilli par des gens qui vous laissent libres. Les gens qui viennent ici, arrivent parfois avec des grosses valises, ils les posent et repartent sans les valises… C’est-à-dire qu’ils ont déposé tout ce qui les travaillait, leurs questions. On essaie d’échanger avec eux, de leur faire découvrir des choses qu’ils vivent. Ils repartent et s’ils ne veulent pas revenir ils ne reviennent pas, c’est une grande liberté.