Le conflit entre Macédoniens et Albanais vraiment résolu ?
En marchant dans les rues de Skopje, nous avons vu des Albanais enthousiastes qui fêtaient un mariage. Ils brandissaient des drapeaux albanais pour revendiquer leur différence et provoquer par leurs éclats de voix les Macédoniens. Un geste inhabituel, qui montre que certains Albanais de Macédoine éprouvent encore le besoin d’affirmer leur existence.
L’origine du conflit entre la Macédoine et l’Albanie prend naissance à partir du moment où les Serbes ont décidé d’expulser les Albanais du Kosovo vers la Macédoine, dans les années 90. Cette minorité albanaise s’est sentie opprimée car elle n’avait pas les mêmes droits que la majorité macédonienne. Une partie a réagi en constituant l’armée nationale de la liberté (UÇK-M) qui a pris les armes contre le gouvernement macédonien. Le conflit s’achève par l’accord d’Ohrid en 2001 qui donne aux Albanais les mêmes droits qu’aux Macédoniens. Cependant cet accord ne règle pas tout, puisque la « question albanaise » persiste actuellement.
Elle continue à empoisonner la vie politique et sociale de la Macédoine. Les Albanais représentent environ 25% de la population macédonienne et sont relégués au statut de « minorité nationale ». Mais ils aspirent à plus de libertés individuelles en organisant des campagnes d’affichages invitant la population albanaise à se rassembler pour des marches de protestation, ce qui ne plait pas forcément à tout le monde, comme l’exprime Boris, jeune macédonien de 20 ans : « Ils ne doivent pas demander plus de droits qu’il convient ! »
Même du côte albanais, les avis ne sont pas si tranchés que cela. En effet, un commerçant du quartier albanais de Skopje est content de la cohabitation entre les Macédoniens et les Albanais et rejette sur le gouvernement macédonien la source du conflit. Il est rejoint par une forte majorité de la communauté albanaise : « Nous sommes amis, nous travaillons ensemble. Nous sommes traités de façon égalitaire. Le seul problème c’est l’État. Le gouvernement nous discrimine, et ne respecte pas nos droits. Les lois sont les mêmes pour tous, mais leur application est différente. »
Il reste un gros travail de la part du gouvernement macédonien pour garantir les droits des minorités. Ce sera là une avancée importante pour diminuer les conflits interethniques.
Feride Licolli, Vasiliqi Kume, Elta Liksenaj