Ohrid, trésor religieux de Saint-Clément
La ville d’Ohrid recèle un patrimoine religieux riche, comme on l’observe à travers l’histoire de Saint-Clément. Désigné comme le protecteur de la ville, il a instruit son peuple et a propagé la culture slave aux Balkans. Un monastère lui est dédié : l’église Saint-Pantaleimon d’Ohrid.
Sur la place principale d’Ohrid (Macédoine) se dresse la statue d’un saint. Face au lac, il tient dans ses bras une représentation de la ville, une main levée en signe de protection. Il s’agit de Saint-Clément-d’Ohrid. Inconnu en Occident, il revêt une importance capitale dans les Balkans, et plus particulièrement en Macédoine, où il est le saint patron. Deux écrits attestent de son existence, dont un de Théophylacte d’Ohrid.
Il naît en 840 environ, dans l’Empire bulgare, probablement aux alentours d’Ohrid. Moine et écrivain, il est le disciple de Cyrille et Méthode (initiateurs du « vieux-slave » ) et apprend à leurs côtés l’alphabet cyrillique et glagolitique. Avec Saint-Clément débute une phase importante d’éducation et d’alphabétisation du peuple, à l’instar des Lumières en France. A ce titre, il œuvrera auprès de quelques 3.500 disciples. « Je ne vous apporte pas le pain, je vais vous apprendre à faire le pain », aurait-il déclaré selon une des légendes qui entourent son personnage. Homme instruit, il traduit la Bible en plusieurs langues, en grec notamment. Il fonde à Ohrid la première université chrétienne orthodoxe de Macédoine. Cette dernière accueillera 3.500 personnes.
Par son nombre d’adhérents qui croissait à l’égale mesure de ses églises, Ohrid fut désignée comme la ville de Dieu où naquit la religion slave. Au XXe siècle, la « petite Jérusalem des Balkans » devient le premier centre épiscopal de la région orientale, comme en témoigne ses 45 églises existantes et ses centaines d’autres recouvertes de terre (une pour chaque jour de l’année selon la légende locale). « C’est Saint-Clément qui a apporté la connaissance dans notre pays », explique Goce Zura, historien de l’Art à l’Université d’Ohrid. « C’est d’Ohrid que s’est propagée la culture slave dans les Balkans, grâce à lui. »
Il meurt le 27 juillet 916 à Ohrid. Certains disent que, sentant la mort approcher, il aurait creusé sa tombe derrière l’église Saint-Pantaleimon d’Ohrid qui surplombe le lac. Bien qu’il y ait une fresque de Saint-Clément dans chaque église d’Ohrid, ce monastère reste le plus symbolique. Anciennement appelé Saint-Clément, Il fut bâtit à la demande du Saint sur les ruines des églises du site de Plaošnik.
Comme en témoigne les cantiques préenregistrés du monastère, la fréquentation du patrimoine religieux d’Ohrid est d’ordre touristique et traditionnel *. « Très peu d’habitants sont encore religieux aujourd’hui », selon Galina Ivanovska, membre de l’Alda. Bien que la croyance semble s’être endormie, les mythes ne s’essoufflent pas. Chaque nuit, Saint-Clément se promène dans les rues de la ville pour garder les rêves des citoyens et veiller sur eux comme il le faisait de son vivant :
« Sacrifiez tout pour la vie et vous pourrez tout en attendre. Celui qui peut conquérir sa vie conquiert la ville la plus riche du monde, et y trouvera des richesses encore plus grandes, que les yeux peuvent voir, que le cœur peut ressentir et que nous pouvons imaginer dans nos rêves.»
* Le pays est laïc depuis son indépendance en 1991
Anna Lefour et Fanette Catala