Péronne : Le « Verdun des Anglais » sous verre
La bataille de la Somme a été le combat le plus sanglant de la Première Guerre mondiale. En Picardie, de nombreux touristes viennent chaque année pour visiter les cimetières et lieux commémoratifs. L’Historial de la Grande Guerre à Péronne se consacre aux trois grandes nations qui se sont battues dans la Somme.
Le 1er juillet 1916, les Britanniques commencent une grande offensive contre les Allemands près de la Somme. Ils espèrent épuiser les troupes ennemies. Or, ayant sous-estimé leur défense, les alliés se voient bientôt confrontés à un combat meurtrier. En une seule journée, les pertes de l’armée britannique s’élèvent à 20 000 tués et 40 000 blessés. C’est la raison pour laquelle la bataille de la Somme est également surnommée « le Verdun des Anglais ». Néanmoins, elle est mondiale : plus de 25 nationalités y étaient présentes. Le 18 novembre 1916, la bataille se termine faute de combattants. En quatre mois et demi, elle a causé plus d’un million de morts, de blessés et de disparus – sans avoir abouti à un résultat militaire important.
Vers la fin de l’année 1916, l’armée britannique est constituée uniquement de combattants volontaires. Le grand sacrifice des soldats pour leur pays est raison de fierté et de nostalgie. Ainsi, la bataille de la Somme représente un moment capital de l’identité outre-Manche et elle est ancrée dans la mémoire britannique. Dès la fin du conflit, la Picardie devient l’objet d’un véritable tourisme de mémoire, qui continue encore aujourd’hui. Des dizaines de milliers de familles anglo-saxonnes viennent chaque année. Non seulement pour visiter les lieux commémoratifs, mais aussi pour se recueillir devant la tombe d’un ancêtre ; ainsi que pour montrer son respect aux morts et aux disparus.
Destination importante du tourisme de mémoire
L’Historial de la Grande Guerre à Péronne se consacre avec sa propre logique aux trois grandes nations qui se sont battues dans la Somme. Les différences et les ressemblances entre la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne sont présentées dans des vitrines sur trois niveaux et dans des approfondissements dans le sol. Dans quatre salles, l’Historial traite de l’avant 14, de la guerre elle-même et de ses conséquences. Depuis 1992, le musée trilingue veut montrer objectivement comment la société toute entière était impliquée dans le conflit. Il est devenu une destination importante pour les touristes dans la région. Si la plupart des visiteurs du musée sont français, le musée accueille aussi 15 % de Britanniques. Quant au Mémorial de Thiepval, le plus grand monument à la mémoire des soldats britanniques disparus pendant la bataille de la Somme, il accueille chaque année 150 000 de visiteurs dont 90 % de Britanniques.
Frederick Hadley, attaché de conservation de l’Historial, constate un changement dans la perception de la Grande Guerre depuis une vingtaine d’années. Avant, elle s’est basée plutôt sur le mythe nationale et l’admiration des héros de guerre. « Aujourd’hui, la mémoire est devenue plus intime et personnelle », explique Frederick Hadley. Les descendants désirent reconstruire leur histoire familiale. Ainsi, les visiteurs reviennent en moyenne trois ou quatre fois au musée dans leur vie. L’Historial, mais également les lieux commémoratifs et les cimetières de la région aident à comprendre le cours du récit personnel – et ainsi également les dimensions de la guerre.
Assata Frauhammer
Pour en savoir plus : www.historial.org, site officiel de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne.